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La guerre des balances.

Avez vous déjà tenté d’acheter un pèse-personne ? Pas uniquement conceptuellement, je veux dire de manière pragmatique, aller dans un magasin avec votre petit porte-monnaie et votre bonne volonté ?

J’ai essayé hier, je vous le recommande vivement (si votre détecteur à ironie n’a plus de batterie, c’est effectivement du 3ème degré).

Pour commencer ma quête, j’avais dans l’idée de me rendre dans une des enseignes les plus désordonnée (je refuse d’utiliser le terme bordelique – oups) du royaume. Par soucis d’anonymat appelons la « Maison en espagnol ». Je m’y rendis donc. La porte poussée, une véritable bataille à faire pâlir de jalousie n’importe quel GI prit place. La première attaque fut odorante, dés la porte entre-ouverte, un délicat parfum de bougie patchouli-lavande-citron-orange vous flingue les sinus presque instantanément. Ensuite, vint la 2ème attaque, visuelle celle là. Apparemment, « Maison en espagnol » venait de se faire cambrioler. Des caisses éventrées jonchait le sol, une horloge indiquant perpétuellement 3h42 était posée contre ce qui devait être un terminal de payement, des piles de coussins à l’équilibre précaire encadraient des étagères rassemblant tout ce que l’humanité avait put créer de plus improbable comme objet domestique (oui, même la pompe-distributeur de boisson était présente). Après une demi-seconde de pause en ouvrant la porte (je me rappelle avoir eu cette pensée empruntée à Lao Tseu : « What the fuuuuck ?!?« ), je me mis en quête d’un authentique pèse-personne Made in China. Et vint la 3ème vague d’attaque, la sournoise, la guerre froide, celle qui joue sur le registre nerveux : s’en sortir dans le désordre le plus total. Pour faire bref, après avoir rageusement jeté hors du magasin le shaker rose, la brosse à WC en forme de grenouille, le duo de couvert à salade vert translucide ainsi qu’un fauteuil en rotin et les 28 cadres photos au design improbable, je commençai à sentir le choux blanc se pointer (et donc ma patience s’user). Après un rapide coup d’oeil aux alentours, pas de vendeur en vue -j’apercu par après qu’ils s’étaient concentrés derrière l’unique caisse du magasin, jouant religieusement leur rôle, le premier saluant le client, le second scannant les articles et s’occupant de la partie financière, le 3ème étant préposé à l’emballage-, je me barrai. Sic. Adieu « maison en espagnol ».

Je suis un optimiste fini, je ne pouvais rester sur un échec, il me fallait tenter ma chance ailleurs. Je couru donc (oui, je m’énervais légèrement) dans une autre enseigne, que nous appelerons « Croisement » par soucis d’anonymat.

Il faut savoir que mon « Croisement », celui à côté duquel j’ai grandi, où j’ai lu des BD gamin pendant que la cellule familials s’occupait du ravitaillement, où j’ai acheté mon premier walkman cassette, où j’ai gagné mon premier titre en course de charrette, a été refait récemment. Une équipe de bonhommes, avec des t-shirt verts pomme customisés au logo de « Croisement » (du tuning vestimentaire avec de vrai morceaux de mauvais goût) est venue pour repenser tout le machin. Depuis, ils ont décidés de séparer le « food » du « non food » et, dans un souci d’efficacité, d’ensuite sous-diviser le « non food » selon les pièce d’une maison (il y a donc un rayon « Salle à manger », un « cuisine », une « chambre » ainsi qu’un « baby » (?)). Le système à ses failles, j’allais vite m’en rendre compte. Déjà, pas de « salle de bain ». Fichtre. J’essayai donc la « chambre », ensuite la « salle à manger », pour finir par faire tous les rayons successivement (y compris celui des télévisions tonitruantes). 35 minutes. J’ai cherché pendant 35 minutes. L’inconvénient de chercher un truc un poil spécifique qui évidement ne rentre pas dans leur superbe système de classement pas pièce. Pas un seul vendeur à l’horizon, à nouveau. Cette histoire commençai à LEGEREMENT me foutre en rogne. J’ai fini par demander mon chemin à un préposé « Chaines Hi-Fi » qui me crédita d’un nonchalant :

-« Vous voyez la bulle mauve là bas ? »

-« heuuu, oui ? »

-« ben juste en dessous ! »

-« ah oui »

Ben oui. Quel idiot j’avais été, c’est logique, les balances sont sous la bulle mauve voyons… C’est donc finalement entre 2 marques de shampooing différents que je trouvai le graal sous la forme d’une balance électronique avec calcul de BMI et mémoire intégrée (55€, possibilité d’un financement sur 12 mois à 0% après acceptation de votre dossier par Croisement SA) et d’un antique pése personne pour qui un véritable coup de foudre me frappa. En faisant la file afin de me marier avec, je compris pourquoi toute cette aventure m’exaspera.

Jadis, trouver une balance était chose simple (on a tous joué dans nos enfance respective à faire monter l’aiguille à la force de nos bras), c’était un accessoire normal de tout foyer, une saine habitude. Alors que l’épidémie d’obésité nous touche de plein fouet, les gens perdent cet usage (nombre de patient n’ont pas la moindre idée de leur poids). Face à tout problème de santé, la majorité des gens a ce réflexe de faire l’autruche, de fermer très fort les yeux jusqu’à la dernière minute, « pas vu pas pris ». La malbouffe et l’absence de sport fait grossir, jeter sa balance n’est qu’un moyen comme un autre de se mettre la tête dans le sable. Bientôt la faillite des constructeurs de pèse-(plus-)personne ?

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